POURQUOI ON NE SAIT PAS DIRE CE QU’ON AIME AU LIT

POURQUOI ON NE SAIT PAS DIRE CE QU’ON AIME AU LIT

« Tu veux quoi ? Qu’est-ce que t’aimes ? »

Cette question qui devrait être excitante, complice, devient pour beaucoup un moment d’angoisse. Silence. Rires nerveux. Ou un « je sais pas » un peu gêné.

On était censés s’amuser, et on se retrouve tout.e penaud.e comme si on nous avait demandé d’expliquer un film de David Lynch.

Si c’est ton cas, déjà, sache-le : tu n’es PAS seul·e. Genre, loin de là.

Cette difficulté à mettre des mots sur ce qu’on veut, c'est l'une des problématiques qui revient le plus en sexothérapie.

Aujourd’hui, on va essayer de comprendre pourquoi.

Notre vision de la sexualité a été déterminée par la pop culture (et c’est souvent très éloigné de la réalité)

Quand on demande “comment t’as appris ce que tu sais sur le sexe ?”, beaucoup de gens répondent en rigolant “avec le porno”.

Ou, pour les plus chanceu.x.ses, par les films romantiques, les scènes torrides dans les séries, voire les romans érotiques.

Dans tous les cas, ça présente une vision complètement fictive, et très généralisante, de la sexualité.

Ces média vendent une sexualité déjà écrite, scénarisée, spectaculaire, faite pour le regard.

On y voit des femmes qui jouissent au bout de 3 secondes de pénétration, des hommes hyper performants, toujours sûrs d’eux, des partenaires qui lisent dans l’esprit l’un de l’autre sans se parler.

Bah oui, communiquer, c’est pas sexy, apparemment (faux).

On pense immédiatement à la scène mythique dans "Quand Harry rencontre Sally" où Meg Ryan simule un orgasme en plein restaurant, à "50 Nuances de Grey" qui a créé tant de malentendus sur la sexualité et le BDSM, ou encore aux ébats passionnés de "Bridgerton" qui nous font croire que le sexe est toujours une choré parfaite.

Résultat ?

On croit que ça doit “aller de soi” : la sexualité est vue comme naturellement source de plaisir, en toute symbiose, sans aucun effort et surtout sans accroc.

On se sent anormal.e si on a besoin d’en parler, ou de réfléchir, parce que dans les films, on en voit personne demander "De quoi tu as envie ?". 

Et on ne voit certainement personne douter de sa réponse. 

On apprend à jouer un rôle plutôt que de ressentir. Entre les scripts sexuels proposés partout, et les orgasmes explosifs, expressifs et simultanés, ça laisse peu de place pour l’individualité.

Du coup, on trouve plus simple de simuler plutôt que de communiquer.

Une éducation sexuelle pauvre, souvent moralisatrice, toujours stéréotypée

Encore un héritage collectif qui laisse à désirer : l’éducation sexuelle (ou, selon la nouvelle terminologie de l'Éducation Nationale, l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle).

On y entend parler d’infections sexuellement transmissibles (IST), de préservatif, de contraception, d’anatomie basique, de reproduction, de risques.

On ne parle jamais de plaisir, encore moins du plaisir des personnes minorisées (plaisir féminin, plaisir queer...). 

Dans le meilleur des cas, on parle de consentement, mais encore faut-il voir comment il est abordé.

Les tabous religieux et culturels pèsent parfois lourdement : “c’est bien/mal”, “c’est sale”, “attention”, “c’est dangereux”, “voici ce qui est normal et ce qui est déviant”…

Du coup, on grandit avec des zones d’ombre grandes comme... non, pas ma b****, je te vois venir... grandes comme le Pacifique.

Regarde cet épisode culte de "Sex Education" où Otis, en sexothérapeute amateur, découvre que tous ses camarades de lycée ont une vision complètement déformée de la sexualité à cause du manque d'éducation sexuelle réaliste. La scène où une classe entière croit qu'une femme urine par le vagin est hyper drôle, mais quand on y réfléchit, ça reflète une réalité assez inquiétante.

Ou encore, on croit qu’on devrait tout savoir naturellement.

Aucune place laissée au doute, à la nuance, à la diversité des désirs et des plaisirs.

Je l’entends de certain.e.s patient.e.s en thérapie : “Je me rends compte que je ne me suis jamais posé la question de ce que MOI je veux”.

 

Le poids des scripts sexuels (et des rôles genrés)

Parfois, on n’arrive pas à dire ce qu’on veut au lite parce qu’on suit des scripts sexuels proposés (voire imposés) par la société et la culture dans laquelle on vit.

Implicitement (ou franchement explicitement), on nous a appris des rôles :

  • L’homme actif, initiateur, “qui sait” (et donc, qui décide pour tout le monde)
  • La femme réceptive, mystérieuse, “qui se laisse faire”
  • Le sexe hétéro centré sur la pénétration et l’orgasme masculin
  • Le tout dans une vision hétéronormée* et cisnormée* de la sexualité. 


Pour beaucoup de femmes (et d’hommes sensibles à la charge viriliste), ça devient un carcan :

-> Ne pas savoir, c’est être “nul.le”.

-> Vouloir des choses différentes, c’est risquer le jugement.

-> Poser des mots sur ses envies, c’est trop frontal, trop direct, trop impressionnant.

Comme le disait Hannah Gatsby dans son spectacle “Nanette” :

« On apprend aux enfants où se trouve le Pénis. On leur dit que c'est un pénis. (…)

Le clitoris par contre ? Personne n'en parle. Personne ne sait où il est. Personne ne sait ce que c'est. (…)

Est-ce que vous pouvez imaginer si on élevait les garçons en connaissant seulement la moitié de leur appareil génital ?

Bonjour petit garçon, c'est quoi ça ? C'est ton pénis. Et l'autre partie ? Oh ça ? On n'en parle pas. »


Le poids des normes et des injonctions

Au-delà des stéréotypes de genre, notre époque est paradoxale : d’un côté, on baigne dans l’hypersexualisation (pubs, réseaux sociaux), d’un autre côté on ne parle pas vraiment de la sexualité, de la complexité du désir, des blocages, de la réalité.

On est mitraillé.e.s d’injonctions contradictoires :

  • Sois sexy, mais ne sois pas "une salope" (ou une tana, si tu es sur Tiktok)
  • Sois libre, mais ne sois pas trop différente
  • Sois performant, mais reste spontané.

Coucou la honte, le silence, l’angoisse de performance !

 

Une déconnexion d’avec son corps

Entre le stress, la charge mentale, la fatigue du quotidien, l’éducation des enfants, les éventuels traumatismes sexuels, l’éducation qu’on a reçue… Pas étonnant qu’on soit souvent coupé.e.s de nos sensations.

Sauf que, quand on vit en-dehors de son corps, on en vient à faire l’amour sans rien ressentir.

On se concentre sur l’image qu’on donne, sur le fait de plaire à l’autre, on se plie à ses désirs sans même se poser la question.

On ne sait plus écouter ce qu’on aime vraiment.


C’est normal de ne pas savoir. Mais ce n’est pas une fatalité.

Tout ça explique pourquoi il est souvent compliqué d’exprimer ce qu’on veut vraiment au lit. Ça n’a rien à voir avec un manque d’intelligence, ou d’imagination, ou de désir.

C’est le produit :

  • d’une culture qui scénarise sans expliquer,
  • d’une éducation qui évite le plaisir,
  • de scripts genrés rigides,
  • d’un mode de vie qui nous coupe de notre corps.

La bonne nouvelle ?

Ça s’apprend. Ça se travaille. C’est même passionnant et excitant !

Comment réapprendre à savoir ce qu’on veut ?

—> Explorer ses blocages

—> Identifier ses envies et ses non-envies

—> Reconnecter à son corps avec des exercices concrets

—> Trouver les mots pour communiquer.

C’est exactement ce que je propose dans mon guide d’exploration du plaisir, Explorations Intimes.

Un parcours pensé pour :

  • Mieux te connaître (corps et esprit)
  • Te libérer des scripts imposés
  • Retrouver un désir plus personnel et vibrant.


Pour aller plus loin

Si cet article te parle, je t’ai préparé un extrait gratuit du guide pour t’aider à commencer. Tu auras un aperçu de ce qu'on va aborder, quelques explications sur le fonctionnement de la sexualité, et en exclusivité le premier exercice pratique du Cahier d'exercice qui est inclus dans le guide complet Explorations Intimes. 


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Parce qu’on a tou.te.s le droit de réponde :

💛 Je veux ça

💛 J’aime ceci

💛 Et je le dis.

Dire ce qu’on veut au lit, c’est un acte de liberté. C’est politique.

Reçois ton extrait gratuit du guide et commence aujourd’hui ton exploration.

 

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*Hétéronormé : "Qui considère l'hétérosexualité comme l'unique norme à suivre, ou comme une orientation sexuelle supérieure aux autres. Qui suit les valeurs ou les codes hétérosexuels dominants de la société." (Wikipedia)

 

*Cisnormé : Qui participe à un "système de pensée fondé sur la présomption que l'identité cisgenre est la norme et qui privilégie les personnes cisgenres au détriment des personnes trans." (Office Québécois de la Langue Française). La cisnormativité a plusieurs conséquences détaillées dans ce très bon article

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